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aussi, toujours en cherchant à l’extérioriser, à le présenter non comme chose du passé digne de respect et de réflexion, mais comme chose de l’avenir digne de foi et de dévouement. Il y a au fond du creuset où se préparent les destins de la société prochaine une sorte de conflit éliminatoire latent entre le principe de l’État romain et celui de la cité grecque. C’est en vain que l’orgueil futuriste prétend créer du nouveau. Nous sommes voués à reconstruire sur l’un de ces deux soubassements. Les apparences sont en faveur de l’État romain. Pour moi, je crois à la cité grecque.

Qu’on m’excuse pour ces considérations en apparence bien étrangères à l’Olympisme. Mais ce fut là, en ce dernier séjour prolongé sur le sol grec, le sujet de ma satisfaction continue : sentir que mon philhellénisme était désormais compris et apprécié par tous mes chers amis hellènes. C’est pourquoi parmi les hommages dont ils m’honorèrent, il n’y en eut peut-être point auquel je fus plus sensible qu’à cette remise en vigueur d’une coutume délaissée depuis les temps anciens : l’attribution d’un siège de marbre au Stade avec le nom du bénéficiaire gravé en lettres d’or sur le dossier. J’ai occupé mon siège une fois seulement. Ce fut pour assister à une fête sportive donnée à l’occasion de la visite d’une équipe universitaire anglaise : pistes cendrées, souliers à pointes, stade restauré… Mais les athlètes modernes débouchèrent par le vieux souterrain qui livrait passage à leurs devanciers d’il y a vingt siècles : et leurs âmes étaient pareilles et leur jeunesse nimbée par le même élan printanier de joie musculaire.

Lorsqu’après les courses nous eûmes occasion de nous entretenir, ce fut pour discuter la ques-