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mémoires olympiques

Commission du Zappeion, m’exposait, après le départ de Bikelas, qui avait dû quitter Athènes, les conclusions décourageantes auxquelles s’étaient arrêtés ses collègues et lui-même. En somme, il m’invitait courtoisement à ne pas venir et à renoncer à mon dessein olympique.

Notre arrivée nocturne au Pirée, la veillée sacrée sur le pont dans le silence auguste des choses, le débarquement à l’aube, aux soins de quelques jeunes enthousiastes qui allaient devenir tout de suite des amis, le pèlerinage au Stade presque informe : un immense talus dépouillé de sa parure marmoréenne avec, au fond, quelques débris, et le fameux passage par où, jadis, débouchaient les athlètes… Heures inoubliables et lumineuses. À peine installé à l’hôtel, je reçus la visite du chargé d’affaires de France, M. Maurouard, et, pendant qu’il était là, celle du chef du gouvernement, M. Tricoupis, qui, mettant de côté tout protocole, semblait pressé de prendre contact et peut-être de jauger ma capacité de résistance à sa pression, car il était d’ores et déjà résolu comme je l’ai su depuis, à faire obstacle à l’entreprise. C’est au point de vue financier qu’il affectait de se placer uniquement, bien qu’à mon avis ce ne fut pas le seul.

Il est de fait que la Grèce se trouvait alors en assez fâcheuse posture. Le ministre s’alarmait que les puissances créancières pussent prendre ombrage de « dépenses somptuaires » consenties alors que s’imposait une stricte économie afin d’arriver à faire honneur à des dettes restées impayées. J’objectai qu’il s’agissait de dépenses peu élevées. « Observez, examinez, me dit M. Tricoupis, en se retirant. Je suis convaincu que vous vous rendrez compte que la Grèce n’a pas les ressources nécessaires actuel-