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mémoires olympiques

Or, des Jeux Olympiques à Milan et à Turin seraient quelconques et ne servaient nullement notre cause. Je désirais Rome parce que, là seulement, de retour de son excursion dans l’utilitaire Amérique, l’Olympisme revêtirait la toge somptueuse, tissée d’art et de pensée dont j’avais dès le principe voulu le revêtir.

Le vote fut entouré par nous d’une sorte de solennité grâce à laquelle mes collègues allemands retirèrent leur proposition de choisir Berlin. J’avais eu soin de présenter ce vote comme un hommage international à l’antiquité romaine. Cela permettrait aussi par la suite de lutter efficacement contre toute tendance à l’effritement des Jeux entre plusieurs cités. Jusqu’ici il n’avait point existé de malentendu sur ce point. Athènes, Paris, Chicago, Saint-Louis s’étaient présentées à tous les regards comme des centres uniques. Cette fois, des journaux et des comités parlant de l’attribution des Jeux de 1908 à l’Italie, laissaient transparaître l’arrière-pensée de diviser les concours entre plusieurs villes italiennes. Grave danger qu’il fallait écarter à tout prix. Voilà pourquoi nous apportâmes à parler de Rome et de Rome seulement, une ténacité inlassable. Le vote rendu, le résultat en fut porté à l’ambassade d’Italie. L’ambassadeur le télégraphia au souverain avec nos hommages ainsi qu’au syndic de Rome, le prince Colonna. Déjà, le 27 février, la Junte Communale, assemblée au Capitole, s’était occupée de la chose et avait décidé un patronage éventuel effectif. La réponse du prince Colonna fut chaleureuse. Le ministre de la Maison royale télégraphia non moins explicitement que le roi l’avait chargé de remercier vivement le Comité International qui « en proclamant Rome siège de la Quatrième Olympiade »