Aller au contenu

Page:Coubertin - Mémoires olympiques, 1931.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
viii
L’appel aux Lettres et aux Arts

Ce n’était pas tout que de ramener devant M. le Maire (qui fut en la circonstance M. Jules Claretie et officiait dans l’historique Foyer de la Comédie-Française, entre Mme Bartet et M. Mounet-Sully) « le Muscle et l’Esprit, anciens divorcés »… encore fallait-il qu’ils eussent des enfants. Cela a tardé puisque vingt ans plus tard, vers 1926, ceux-ci naissaient à peine. Et parmi les produits de ce début de progéniture, combien d’estropiés ou de morts-nés ! Mais en 1906, il s’agissait simplement d’un rapprochement entre des conjoints que tout semblait devoir pousser l’un vers l’autre et qui, on dut l’avouer, ne s’en souciaient vraiment ni l’un ni l’autre. Or, ce remariage importait grandement ; et surtout qu’il devînt fécond.

Je l’ai déjà répété tant de fois que j’ai un peu honte de ma récidive, mais tant de gens n’ont pas encore compris ! Les Jeux Olympiques ne sont point de simples championnats mondiaux, mais bien la fête quadriennale de la jeunesse universelle, du « printemps humain », la fête des efforts passionnés, des ambitions multiples et de toutes les formes d’activité juvénile de chaque génération apparaissant au seuil de la vie. Ce n’était point le hasard qui avait assemblé à Olympie jadis et groupé autour des sports antiques les écrivains et les artistes, et de cet assemblage incomparable était issu le prestige dont l’institution avait joui si longtemps. Ayant voulu rénover non la forme mais le principe de cette