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Page:Coubertin - Mémoires olympiques, 1931.djvu/76

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mémoires olympiques

institution millénaire, parce que j’y voyais pour mon pays et pour l’humanité une orientation pédagogique redevenue nécessaire, je devais chercher à restituer les puissants contreforts qui l’avaient naguère épaulée : le contrefort intellectuel, le contrefort moral et, dans une certaine mesure, le contrefort religieux. À quoi le monde moderne ajoutait deux forces nouvelles : les perfectionnements techniques et l’internationalisme démocratique.

À Athènes, en 1896, la solennité de ce premier contact entre la jeunesse contemporaine et le stade de Périclès rebâti interdisait d’introduire la recherche d’œuvres nouvelles artistiques et littéraires inspirées par l’idée sportive.

C’eût été puéril. Aussi bien ne pouvait-on tout innover à la fois. Le procédé par étapes m’a toujours paru le meilleur pour toute entreprise de vaste envergure aspirant à durer. À Paris, en 1900, outre les circonstances défavorables que j’ai décrites, l’Exposition Universelle donnait lieu à un jaillissement trop important de formes et d’idées pour qu’on pût y faire place à un effort de détail et de nature spéciale… Mais Chicago tout de suite s’était intéressée à ce côté de la question olympique. Les programmes dont j’ai parlé plus haut faisaient une place un peu gauche encore, mais sincère et ardente, à l’art et à la pensée. Sous ce rapport, le transfert à Saint-Louis avait été un malheur. L’initiative en ce sens s’en était trouvée ajournée une fois encore. Rome maintenant tendait à s’effacer sur l’horizon. Des hésitations, un ralentissement de désir et de confiance se manifestaient, dus décidément à un régionalisme beaucoup trop intensif encore sous des apparences unitaires… Un nouveau transfert allait peut-être s’imposer en faveur de Londres. Comme le temps