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mémoires olympiques

fois noire de monde et vibrant tout entière d’enthousiasme, distillait une sensation de puissance organique que, pour ma part, je n’ai jamais retrouvée et que ne m’avaient point donnée d’autres foules, européennes ou transatlantiques. Les circonstances par ailleurs se trouvèrent opposer, avec une virulence particulière, les deux jeunesses anglo-saxonnes et faire naître, au sein même des Jeux, une sorte de duel musculaire entre leurs champions. Enfin, dès que se dessina le succès, une levée de boucliers s’était opérée parmi les fédérations françaises visant à interrompre le fonctionnement des rouages olympiques, à écarter le Comité International et à dénier ses privilèges. Tous ces éléments contribuèrent à créer une houle qui devait s’apaiser lentement, non sans avoir provoqué quelques grabuges locaux. On ne peut pas dire que les Jeux en aient souffert. Au contraire, ces accès de violence semblèrent leur donner un relief d’ensemble plus éclatant.

Dès le printemps de 1907, le Comité International Olympique, assemblé à La Haye, y avait reçu des organisateurs britanniques les communications les plus satisfaisantes. Le travail accompli par ceux-ci en moins de six mois était réellement formidable. Les fondements de l’entreprise étaient tous posés dans les différents domaines, même dans ceux, encore inédits, des Arts et des Lettres. Le programme avait été communiqué d’avance et l’examen réparti entre trois commissions formées par les membres du C.I.O., ce qui permit d’en venir rapidement à bout. Il fallut consentir de part et d’autre certaines