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l’humanité

les laboureurs vendent à de grands propriétaires qui font de l’élevage et emploient d’innombrables esclaves. Ces paysans ruinés envahissent Rome où se trouvent aussi les affranchis, Grecs, Syriens, Égyptiens, Africains, Espagnols, Gaulois, — populace qui finit par conquérir le droit de vote, à laquelle on donne des spectacles, des repas, dont on achète même les suffrages. En même temps l’armée se transforme. Marius commence à admettre dans les légions des indigents qui s’enrôlent pour vingt ans, se rengagent ensuite avec une solde plus forte, deviennent des vétérans, et ne connaissant plus ni la loi, ni le Sénat, ne sont dévoués qu’à leur général. Pendant un siècle, les Romains vivent au milieu des émeutes et des guerres civiles entre Marius et Sylla, Pompée et Sertorius, César et Pompée, Brutus et Antoine, Antoine et Octave. Ce n’est pas seulement le rétablissement de l’unité qu’on salue en Octave devenu, sous le nom d’Auguste, le maître du monde, c’est surtout et avant tout l’établissement de la Paix, Pax Romana : un terme qu’il faut aussi définir, celui-là, parce qu’il explique la longue puissance d’un empire dont le centre est irrémédiablement corrompu et dont les chefs sont trop