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l’humanité (suite)

Si la guerre de Trente Ans n’apprend pas l’Allemagne, sont-ce la guerre de Cent Ans ou la guerre des Deux Roses qui apprendront l’Angleterre ? Combien d’adolescents, sur les bancs des collèges continentaux, se représentent l’Angleterre telle qu’elle était à la fin du xve siècle : une nation de cultivateurs et d’éleveurs, aux villes petites et pauvres, n’ayant ni marins ni commerçants, et ne sachant même pas tisser chez elle la laine de ses moutons — marquée déjà, cependant, pour la plus haute destinée par deux qualités précieuses et rares : l’esprit de discipline et l’esprit de liberté. C’est à l’organisation normande, rude, simple et logique, que les Anglais durent la première ; c’est à la faiblesse de leurs barons obligés, pour résister au pouvoir royal, de s’entendre et de s’unir, qu’ils durent la seconde. Le Domesday Book et la Grande Charte sont, avec le théâtre de Shakespeare et la philosophie de Bacon, les quatre sources d’où l’Angleterre moderne a découlé. Dans tout Anglais d’aujourd’hui, vous retrouvez l’esprit d’ordre du Domesday Book, la fierté libre de la Grande Charte, les aspirations géniales et brumeuses de Shakespeare, les tendances individualistes et expérimentales de Bacon.