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notes sur l’éducation publique

De ces outils — pour continuer ma comparaison — la méthode actuelle fait deux tas ; d’un côté les lettres, de l’autre côté les sciences. Il est entendu que l’adolescent doit compter parmi les « forts en thèmes » ou parmi ceux qui marquent « des dispositions pour les mathématiques ». Si par malheur il ne rentre dans aucune de ces deux catégories, tout le monde est désorienté, lui tout le premier. Il arrive au bout de ses études sans savoir à quoi elles l’ont préparé ; alors, au dernier moment, vous lui faites passer en revue rapidement les carrières auxquelles il pourrait se vouer. Mais à part quelques détails d’ordre matériel et d’assez minime importance, que lui direz-vous qui puisse l’aider dans sa décision ? Ses classes ne lui ont point appris le rang que tiennent dans la société, le rôle qu’y jouent le droit, l’agriculture, l’art, le commerce, la littérature, l’industrie, l’administration, les transports, la presse, la colonisation. Tout cela évoque dans son esprit de petites images locales et spéciales : être agriculteur, c’est labourer ; être financier, c’est aligner des chiffres ; se faire colon, c’est chercher des aventures ; il ne sort pas de là. Comment s’aviserait-il qu’un bon architecte doit être un ingénieur doublé d’un artiste et