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Page:Coubertin - Notes sur l education publique, 1901.djvu/133

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l’enseignement spécial

On est trop enclin à croire que beaucoup de carrières modernes exigent, avant tout, une préparation technique détaillée et exclusive. Si l’on rapproche les uns des autres les résultats qu’ont obtenus, d’une part l’Allemagne et le Japon qui, depuis vingt ans, se sont grandement inspirés de cette idée, d’autre part l’Angleterre qui a toujours mis en pratique la doctrine opposée, on sera, je pense, amené à reconnaître la haute importance d’une formation d’ensemble précédant la formation technique. Ce qu’il faudrait, c’est qu’une éducation pût s’infléchir peu à peu vers la spécialisation, sans cesser pour cela d’être générale. Ce vœu n’est point réalisable aujourd’hui ; diverses expériences en ont fourni la preuve. Chaque fois que l’on a tenté, en manière de correctif, d’ajouter une faible dose de culture scientifique à une forte dose de culture littéraire ou vice versa, les matières les moins favorisées ont été comme étouffées par les autres ; elles perdaient alors, aux yeux de l’élève, leur raison d’être, leur rang dans l’univers ; partant, elles n’avaient plus pour lui d’intérêt.

Avec l’analyse, au contraire, la spécialisation sera toujours aisée. De même qu’en contemplant un tableau, en écoutant une sympho-