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le sport à travers les âges

nement une jouissance et une satisfaction personnelles.

Nous remarquons bien quelque chose d’analogue au seuil de la civilisation grecque. L’idée du « sport pour la guerre », du Ludus pro patria vient assez naturellement à l’esprit de l’homme : et si elle a fait défaut chez certains peuples civilisés, même durant des périodes de luttes et de conquêtes, on en trouve par contre les traces jusque chez les communautés indiennes de l’Amérique du Nord, primitives et barbares. Mais cette idée ne suffit point à expliquer l’athlétisme grec qui dura dix siècles, exerça sur la pensée, sur l’art, sur la politique une action considérable et aida puissamment à l’unification de l’hellénisme et à son expansion au dehors. Ni la religion de la guerre, ni la religion de la beauté, encore que l’une ait dominé Sparte d’une façon permanente et que l’autre ait poussé sur le sol athénien des racines si profondes, n’auraient pu élever et maintenir l’institution à un pareil niveau. Dans un dialogue célèbre de Lucien, Solon, répondant aux questions d’Anacharsis, insiste