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le sport à travers les âges

commander les exercices virils, avait prononcé cette parole audacieuse : « Une salle d’armes n’est pas moins nécessaire dans un collège qu’une chaire de mathématiques. »

Tout cela fut en vain ; l’instinct sportif ne naquit point. Et certes, en un sens, l’Europe d’alors ne manquait ni de vigueur ni d’entrain. L’entêtement des Anglais à reprendre sans cesse la lutte, l’âpre résistance des Espagnols, l’espoir tenace des Prussiens, le grandiose sacrifice des Russes et jusqu’à l’héroïque passivité des Autrichiens firent à l’épopée napoléonienne un cadre digne d’elle. Et l’Amérique, qu’un gigantesque effort venait d’émanciper, ne pouvait davantage méconnaître la valeur de la force physique.

Cette valeur en effet ne passa point complètement inaperçue. Nous verrons plus tard ce qu’il advint des disciples de Basedow et de Pestalozzi et comment leurs théories prirent racine et se développèrent dans les deux mondes. Ce qui est étrange, c’est de noter parmi ces races que secoue le frisson guerrier, parmi cette jeunesse qui goûte l’âpre volupté des batailles, l’absence totale de toute tendance vers le sport. On dirait que le soldat de cette grande époque et principalement le