Aller au contenu

Page:Coubertin - Notes sur l education publique, 1901.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
la psychologie du sport

tent jusqu’à l’âme. Je crois qu’en général le sport donne à ses adeptes, toutes choses égales d’ailleurs, quelque clarté de plus dans le jugement, quelque ténacité de plus dans l’action. Mais parvient-il à fortifier le caractère et à développer ce qu’on pourrait appeler la musculature morale de l’homme ? Voilà sans doute la question fondamentale.

Au premier abord on est tenté d’établir des distinctions, de répondre : oui, dans certains cas et non dans d’autres. Semble-t-il possible, par exemple, de comparer moralement un alpiniste avec un joueur de tennis, ou même un boxeur avec un patineur ?… Il y a des sports qui côtoient sans cesse le danger ; tels l’équitation ou la natation ; il en est comme la boxe qui exposent non votre vie, mais votre peau et, suivant la spirituelle expression du Dr Lagrange, combien ont peur pour leur peau qui ne trembleraient point pour leur vie ! Enfin d’autres, comme l’escrime, suggèrent le danger. L’arme qui vous menace a beau avoir été rendue inoffensive par le mouchetage, vous l’écartez avec autant de prestesse que la pointe véritable qu’elle simule. De tels exercices paraissent faits pour agir sur le moral, avec une tout autre intensité que ceux auxquels on peut