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notes sur l’éducation publique

La coopération, l’association représentent-elles chez l’homme des tendances instinctives ? On a beaucoup discouru à ce sujet. Mais ces discussions théoriques, si intéressantes soient-elles, n’ont qu’une importance relative, car un fait capital les domine. Porté ou non à la coopération, l’homme y fait preuve au début d’une gaucherie, d’une maladresse évidentes. Que le principe en soit donc étranger à sa nature ou qu’il en ait été déshabitué héréditairement, l’effet est le même. Nous en voyons autour de nous des exemples nombreux. On peut dire que la principale caractéristique du xixe siècle aura été la mise en route des démocraties ; leurs vêtements divers, leurs allures variées nous égaraient ; de voir à la tête des peuples, ici un empereur tenant le glaive et là une aristocratie puissante, nous avait donné le change ; mais à y regarder de près, ce sont bien les démocraties qui sont en marche et leur marche est, en général, pesante et irrégulière, comme s’il leur manquait un membre ou si un de leurs organes était endommagé ; qu’on me pardonne l’expression, elles se meuvent un peu comme des culs-de-jatte.

On dit : c’est la liberté qui fait défaut. Mais les plus agiles, précisément, ne sont pas les plus