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notes sur l’éducation publique

vivance et l’autorité future qui jaillit de son sein. Cette autorité est partout : le travailleur manuel l’incarne aussi bien que le travailleur cérébral, mais seulement par le bulletin de vote qu’il tient dans ses mains, tandis que l’étudiant, par sa participation à une culture supérieure, semble un conducteur éventuel de l’âme nationale, et quand même elle sait qu’il désertera le plus souvent cette mission ou qu’elle-même parfois l’empêchera de la remplir, la démocratie ne peut se tenir de le regarder comme s’il en était infailliblement investi. Les groupements universitaires, en un mot, représentent des forces de toutes natures, utilisables par la démocratie et qu’elle croit pouvoir tourner à son profit ; c’est pourquoi elle marque aux étudiants un si vif intérêt et a, pour eux, d’incessantes complaisances.

Elle s’enquiert, avant tout, de ce qu’ils pensent ; leur état d’esprit la préoccupe au plus haut point, non pas par rapport aux questions de politique immédiate. Les jeunes gens ont la tête chaude et quand ils sont ensemble, leurs têtes s’échauffent plus facilement encore : il