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l’éducation des femmes

n’est pas Ann-Arbor, ni Charlottesville, Chicago et il est certain que l’empreinte laissée sur l’étudiant par l’Alma Mater est essentiellement différente, ici ou là. Les questions de climat, de race et de tempérament qu’on fait si volontiers intervenir en cette affaire, ont bien leur importance ; le tempérament espagnol ou le climat de Ceylan sont évidemment peu favorables à des expériences d’enseignement supérieur mixte ; néanmoins, je crois qu’on pourrait les tenter, presque en tous pays et sans trop de danger, à la condition de préparer le terrain et de donner aux paysages intellectuels cette teinte neutre — extraordinairement neutre — qui s’observe partout où les deux sexes collaborent à l’œuvre universitaire. Les universités mixtes, même en Amérique, ne vivent pas de la même vie que les autres ; l’exubérance en est bannie, les points de vue y sont décolorés ; la sécheresse scientifique y est poussée à l’extrême, comme si elle constituait un refuge contre les envolées de l’imagination ; on s’y enferme dans les faits par peur des idées. Ce sont là, je crois, des conséquences générales de la coéducation et on les accepte d’instinct, parce qu’on les sent nécessaires. Ce n’est pas si étonnant, après tout. La nature n’a pas