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notes sur l’éducation publique

la vérité et où le trouble en lequel le jette son jeune savoir lui rend confus les contours du Bien, il est naturel que l’on s’appuie volontiers sur le Beau. Précisément, un éclectisme savant et presque trop libéral, agrandit chaque jour ses domaines ; son influence déborde sur tous les sujets et beaucoup d’hésitations et d’incertitudes trouvent un refuge en lui. De là cette inclination à croire que l’art moralise, au sens le plus absolu, le plus complet du mot. L’éducateur ne doit pas accepter cette formule ; mais ce n’est pas une raison pour négliger l’art, comme il l’a fait jusqu’ici — par embarras sans doute de loger, dans ses murailles rigides, un hôte fantaisiste et somptueux. Nous avons dit tout à l’heure, avec Ruskin, que le sens de la beauté embellit la vie individuelle et perfectionne la vie sociale. N’est-ce point suffisant pour légitimer tous les efforts ayant pour but de le faire naître et progresser ?

Et puisque le nom de Ruskin est une seconde fois venu sous ma plume, il n’est pas mauvais de mentionner cette forme charmante de propagande artistique qu’il a semée à travers les sociétés anglo-saxonnes. Qui donc, avant lui, savait donner à la chambre la plus banale, au réduit le plus humble, un air avenant et coquet ?