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L’USINE BRITANNIQUE


5 octobre 1904.

Les adversaires de l’éducation anglaise ont mené grand tapage autour d’une communication faite récemment par l’évêque de Hereford à un congrès scientifique d’outre-Manche. Les conclusions en étaient, paraît-il, fort sévères. L’évêque dénonçait la grande pauvreté des résultats intellectuels atteints par les public schools d’Angleterre et concluait à la nécessité d’une réfection totale du système en vigueur. Ceci demanderait confirmation. L’évêque de Hereford, si je ne m’abuse, n’est autre que le docteur Percival, ex-headmaster du collège de Rugby où il occupa dignement le poste à jamais illustré par le génie de Thomas Arnold. Je me souviens, pendant un de mes séjours à Rugby, de m’être assis à ses tables : à celle où, chaque matin, il s’entourait des élèves de la maison principale et à celle où, le soir, il se retrouvait seul avec les siens dans la paix de ce home familial qui fut celui d’Arnold. Le docteur Percival me semblait très moderne ; il ne l’est plus autant puisque sa ténacité libérale a résisté aux séductions impérialistes qui ont conquis peu à peu l’Angleterre et le monde. Dès alors, il jugeait suranné et insuffisant l’enseignement des public schools. Et, comme aucune réforme sérieuse n’a encore été réalisée de ce chef, son opinion doit être demeurée la même. Mais comment aurait-il partagé la naïve erreur des publicistes continentaux, qui ramènent la question à deux termes et en donnent ce résumé simpliste : Trop de muscles, pas assez de cerveau ?