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L’HOMME
DES NOUVELLES-HÉBRIDES


26 janvier 1905.

Un jour que l’amiral Pothuau, ministre de la marine, exprimait à John Higginson sa reconnaissance pour les services rendus par ce grand Français à sa patrie d’adoption et lui demandait en quelle façon le gouvernement les pourrait reconnaître :

— Amiral, répondit Higginson, si vous voulez me récompenser, occupez les Nouvelles-Hébrides.

Celui qui parlait ainsi était arrivé en 1858, n’ayant pas encore vingt ans, en Nouvelle-Calédonie. Irlandais d’origine, il se sentait libre de tout attachement national. Mais déjà la France l’attirait et, quand il eut décidé de vivre sous son drapeau, il lui donna tout son cœur. Il y avait cinq ans seulement que s’exerçait là-bas notre tardive autorité. La haine farouche des indigènes n’était point calmée, ni leurs habitudes sanguinaires entravées. Les richesses de l’île gisaient cachées au sein d’une nature aux aspects souvent trompeurs. La géographie même en était imprécise. Dans les vallées de Canala et de Nakety s’abritaient timidement les premières plantations et l’admirable rade sur les bords de laquelle s’alignent aujourd’hui les maisons de Nouméa n’était visitée que par la modeste flottille de l’armateur Paddon. Jusqu’aux destins futurs de cette lointaine possession qui demeuraient incertains ! À Paris, on songeait à en faire une colonie pénitentiaire mais aucune décision n’avait encore été prise et le premier convoi de