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ni rome ni carthage ?

c’est qu’elles furent acceptées tour à tour et proclamées : Bismarck s’attacha à l’une ; Guillaume ii, par la suite, sembla préférer l’autre. Mais tous deux méconnurent, dans l’exécution, les principes supérieurs. L’effort pour établir une Pax Germanica ne se doubla d’aucune contrainte sur soi-même en vue de respecter les coutumes et les susceptibilités des minorités soumises ; on opprima, on persécuta. Quant à l’œuvre de richesse, au lieu de lui attribuer le premier plan et de lui tout subordonner, il sembla que des arrière-pensées et de tortueux calculs se fussent abrités derrière elle, répandant autour de ses artisans une atmosphère de méfiance et d’inquiétude.

L’antinomie des deux conceptions gouvernementales s’est exaspérée dernièrement jusqu’à ce qu’un heurt se produisît. Car c’est le choc de deux Allemagnes incompatibles qui se répercute en ce moment sur l’Europe. Qu’en sera-t-il ? Si l’Allemagne allait se résigner à ne tendre dans l’avenir ni vers Rome ni vers Carthage, aucune voie féconde et stable ne lui serait ouverte, — rien qu’une impasse tragique au bout de laquelle se dresserait la coalition inévitable des droits qu’elle a violentés et des intérêts qu’elle a lésés.

Et parce que tout de même l’Allemagne est digne d’un meilleur sort, le monde veut espérer encore…