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TERRE DE CALIFORNIE


10 avril 1906.

Endeuillée aujourd’hui par une catastrophe dont les relations directes avec celle de Naples prêchent éloquemment la douloureuse solidarité des hommes en face de la nature, la Californie ne tardera guère à voir refleurir sur son sol merveilleux sa nature printanière. San-Francisco renaîtra de ses cendres plus prestigieux et plus beau ; la ligne pressée de ses maisons montera de nouveau à l’assaut des coteaux aux pentes rudes sur lesquels il était si pittoresquement assis. Les milliardaires recommenceront d’y retraiter leur activité de brasseurs d’affaires et les touristes d’errer sur les pas d’un robuste policeman à travers l’opium nocturne du quartier chinois ; et par la « Porte d’or » à la silhouette si étrangement paradisiaque continuera d’entrer dans l’harmonieuse baie, troublée un instant par une marée diabolique, la longue houle paisible du Pacifique immense.

Ce pays unique au monde est promis à de hautes destinées que dissimule encore le fracas d’une vie matérielle intense. Les Californiens, songez donc, n’ont pas fini de s’installer et c’est bien l’impression d’un fantastique emménagement que donnent les premiers coups d’œil jetés sur leurs allées et venues ; des trains entiers qui passent l’eau sur des bacs, un réseau enchevêtré de fils télégraphiques et téléphoniques, des quais et des docks chargés de marchandises, la respiration saccadée des machines en mouvement… et pourtant, même au centre de San-Francisco,