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de la seconde Olympiade et nous étions déjà quasiment assurés du double de cette somme. Des fêtes, ainsi que je l’ai déjà donné à entendre, il ne devait pas y en avoir au sens habituel du mot. La vraie fête serait, chaque soir, dans le spectacle de l’Exposition elle-même. Il eût été absurde de vouloir concurrencer un pareil attrait. Les réceptions données par Charles de La Rochefoucauld dans les cadres admirables dont il disposait seraient les seules fêtes relevant de l’organisation olympique.

Les sociétés intéressées avaient presque toutes été pressenties et avaient accueilli avec sympathie nos démarches quand l’obstacle se leva du côté où, certes, je ne m’attendais pas à le rencontrer. Il y avait eu déjà une singulière alerte provenant d’Amérique. Quelques-uns des « leaders » de l’Amateur Athletic Union s’étaient ingéniés à mettre la main sur les Jeux. L’un d’eux surtout avait mis en avant, avec l’aide du commissaire américain à l’Exposition, le projet d’un club gigantesque qu’il demandait à élever dans l’enceinte de l’Exposition et qu’il prévoyait entouré de terrains de sport où s’organiseraient des concours variés sous le contrôle de ladite Amateur Athletic Union. Malgré un appui presque officiel de son gouvernement, l’ingénieux promoteur avait dû battre en retraite. Il était désapprouvé d’ailleurs par certains de ses compatriotes et Caspar Whitney, alors membre du Comité International pour les États-Unis et dont les opinions sportives avaient beaucoup de poids, m’écrivit dès le 29 juin 1898 pour m’engager à me méfier du personnage ; et un peu plus tard : « Surtout n’ayez rien de commun avec l’Amateur Athletic Union et ses cohues ; cette fédération ne fait rien pour le bien du sport et ses dirigeants ne songent qu’à se pousser eux-mêmes. Ce sont des espèces de politiciens,… etc… » Son indignation se donnait carrière sur ce ton tout à loisir. Pendant quelque temps, l’idée subsista d’organiser à Paris pendant l’Exposition des concours entre Américains seuls sous prétexte « de montrer aux Français comment il faut s’entraîner pour réussir dans les sports » ; puis elle se dissipa d’elle-même.

Alors surgit l’obstacle véritable. On le dressa avec beaucoup d’habileté au nom de l’Union des Sports athlétiques. De zélés discoureurs intervinrent près des comités du Racing-Club et du Stade Français, les engageant à repousser nos propositions. J’avais noté dès le principe des réticences dont je ne devinais pas la cause. Elles s’expliquèrent et se précisèrent par le vote d’un bel ordre du jour que le conseil de l’Union mit au monde un soir de