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novembre 1898 et par lequel elle déclarait d’avance réserver son appui exclusif à toute organisation qui serait entreprise en 1900 par la ville de Paris ou l’État.

Pourquoi exclusif ? C’est qu’à ce moment l’U. S. F. S. A., désireuse d’obtenir une subvention des pouvoirs publics, cherchait à se libérer par un coup d’éclat « des comtes et des marquis » dont elle se trouvait, paraît-il, encombrée. Un membre me l’écrivit le lendemain de cette mémorable séance en ajoutant ces mots méchants et suggestifs : « Votre infériorité est de n’avoir point de rubans à distribuer ». Le plus joli est que je continuais malgré moi à figurer depuis deux ans sur les listes de l’U. S. F. S. A. en qualité de secrétaire général. Pour le coup, je déclarai que j’en avais assez et M. de Janzé me rappelant qu’il « ne tenait pas du tout à l’honneur d’être président de l’Union et n’y était resté que sur mes vives instances » se montra décidé à s’en aller également.

L’ordre du jour voté par l’Union n’étant qu’une manœuvre, n’avait en soi pas beaucoup d’importance. M. de Janzé dans la lettre citée plus haut le déclarait inapplicable. L’hostilité contre l’Exposition sur laquelle on l’avait appuyé n’existait pas. En organisant les Jeux Olympiques de 1900 comme nous en avions le droit, nous demeurions pleinement résolus à n’entraver en rien à l’étranger les initiatives officielles si elles se manifestaient ultérieurement, éventualité qui d’ailleurs semblait devenir de plus en plus incertaine. Mais l’agitation de beaucoup de petites ambitions personnelles déçues, de beaucoup de petites jalousies irritées se forma autour de cet incident. Des meneurs cherchèrent à grossir l’affaire. Tout un complot se noua qui finit par atteindre le Comité d’organisation des Jeux. Charles de La Rochefoucauld prit peur et, dans un moment d’affolement qu’il regretta par la suite, il donna sa démission dès les premiers mois de 1899. Je me laissai de mon côté atteindre par l’écœurement de ce qui venait de se passer. De plus on me harcelait « au nom du patriotisme » pour que l’athlétisme français pût se présenter en 1900 « uni et sans fissures » Je cédai et j’eus tort.