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forte subvention du gouvernement fédéral et le 28 mai, M. Roosevelt s’engageait à ouvrir en personne l’olympiade américaine et à y faire participer l’armée et la marine[1]. Tout marchait donc à souhait. Cependant quand, ce même été de 1902, M. Furber qui ne ménageait pas ses peines et accomplissait en Europe une tournée d’adhésions vint me voir en Alsace, je lui remarquai quelques préoccupations de derrière la tête. Et je ne fus pas autrement surpris de recevoir de lui, le 26 novembre, une longue missive officielle qu’accompagnait une non moins longue missive explicative.

Voici ce qui s’était passé. Depuis quelque temps l’ajournement de l’Exposition de Saint-Louis à 1904 était un fait accompli ; son retard énorme faisait craindre même qu’en 1904 elle ne fût pas prête. Or des « ambitions athlétiques » germaient dans le cerveau des organisateurs. On les avait cru enclins à s’entendre avec le Comité de Chicago pour amener les concurrents et les spectateurs J. E. Sullivan
m. j. e. sullivan
Président des Concours Olympiques de 1904
des Jeux Olympiques à visiter Saint-Louis. Mais décidément, ils voulaient davantage. Ils voulaient les Jeux. Aussi les autorités de l’Exposition attendaient-elles M. Furber à son débarquement pour lui demander la renonciation de Chicago et lui faire entendre que Saint-Louis saurait au besoin concurrencer Chicago et lui opposer toute une série de concours dotés de prix énormes. Bien peu sportive cette manière d’agir, mais assez yankee tout de même. M. Furber répondit, comme on devait s’y attendre, que la chose dépendait du Comité International mais que le Comité de Chicago ne se refusait pas à en délibérer au préalable dans un esprit amical. Cette réponse était prudente car M. Furber, ayant passé plusieurs mois en Europe,

  1. La Revue Olympique de juillet 1902 a publié la lettre présidentielle.