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que la Renaissance sportive avait créé de la force nationale par la culture des énergies individuelles. La grande tragédie présente l’a prouvé d’une façon péremptoire et sanglante. Or le sport peut quelque chose de plus pour nous ; il nous assurera demain, si nous savons le lui permettre, le bien essentiel hors duquel nulle réfection durable ne serait possible : la paix sociale.

Je me réjouis qu’il me soit donné d’entamer la prédication de cette seconde partie de l’Évangile sportif, comme jadis la première — au sein d’une communauté hellénique et qu’ainsi j’aie la possibilité de placer une fois de plus mon effort sous le patronage de cette force civilisatrice dont le passé mérite tous les honneurs et l’avenir toutes les confiances : l’Hellénisme.


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La notion de la préparation militaire activée et perfectionnée par l’exercice physique est fort ancienne. En Chaldée comme en Égypte, comme aussi dans l’Extrême Orient, les gouvernements à tendances belliqueuses et coopérantes ont eu recours à un tel système et il est probable qu’ils ont, pour y aider, fait appel à l’instinct sportif lorsqu’ils l’ont rencontré devant eux, peu fréquent d’ailleurs et peu développé. L’instinct sportif n’est pas un instinct animal. Ni l’idée de progrès ni l’idée de risque qui en sont pour ainsi dire les deux poles ne paraissent accessibles aux animaux. Le chat et le poney de polo — les plus sportifs en apparence — ne recherchent rien au delà du jeu ; les muscles s’amusent, voilà