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tout. Or l’instinct sportif est bien autre chose. C’est par excellence un instinct de puissance ; pour moi je suis arrivé à cette conclusion qu’il est né du contact de l’homme non avec l’arme mais avec le cheval. L’homme armé n’était point nécessairement sportif ; l’homme à cheval devait le devenir, fut-ce malgré lui. J’aimerais vous citer à cet égard un texte suggestif d’Hérodote que, malheureusement, je n’ai pas à portée.

Donc l’antiquité la plus reculée a connu et pratiqué la préparation militaire par l’exercice physique ; mais la préparation civique, c’est vous, Hellènes, qui l’avez inventée. La première pouvait être assurée par la seule intervention de l’autorité ; à la seconde il fallait nécessairement une collaboration volontaire de l’individu. L’instinct sportif qui ne représentait pour l’une qu’un renfort occasionnel, était pour l’autre une condition vitale. Ainsi êtes vous devenus les pères du sport. Vous l’avez organisé et codifié, vous en avez fait une institution régulière, une usine de force collective.

L’olympisme fut en quelque sorte le couronnement et aussi l’emblème de cette organisation. Autour des manifestations d’un athlétisme réfléchi vinrent se grouper à des périodes fixes toutes les autres manifestations de la vie nationale. L’athlète apparut collaborant avec l’artiste et le philosophe à la gloire de la patrie. Il en incarnait en même temps la force éventuelle, son entraînement lui permettant de s’en improviser le défenseur. C’est ainsi que lorsque le péril perse menaça l’Hellénisme, entre l’an 500 et l’an 449 av. J. C., des armées et des flottes inattendues barrèrent la route aux ambitions de Darius et de Xerxès et aux convoitises de leurs conseillers. On