sentants du Tribunal fédéral, du Conseil d’État, du Grand Conseil, du Conseil communal. Nous avons le sentiment que, de plus en plus, s’imposent l’appréciation de la valeur intrinsèque de notre œuvre et aussi la conviction du rôle qu’elle peut être appelée à jouer au point de vue des intérêts lausannois et de la prospérité de cette belle cité.
Ce qui doit subsister en nous, messieurs, après avoir entendu M. Lugeon, c’est la notion que la stabilité planétaire dont nous jouissons est une pure apparence. Malgré que les hommes sachent que cela n’est pas exact, ils imaginent inconsciemment les âges géologiques comme une langue pose de décors pour la représentation dont ils sont, eux, les acteurs. Mais non ! Ce lent et incessant machiniste qu’est la nature n’a jamais usé des changements à vue et son travail ne s’interrompt point. En savant doublé d’un artiste, M. Lugeon a su persuader notre imagination, et, pour ma part, je n’avais jamais aperçu la Tethys, cette gigantesque méditerranée préhistorique, non plus que les montagnes fantômes qui relièrent l’Amérique à l’Europe, comme l’orateur a su me les montrer. Les ayant vues à travers son éloquence, combien mon esprit accepte plus volontiers cette vérité qu’un océan ou une chaîne de montagnes sont des phénomènes fugitifs dans la vie du globe ! Sans doute, de pareilles données qui font des myriades de siècles l’équivalent d’un instant de notre existence, ont quelque chose de terrifiant. Elles font passer en nous le frisson cosmique. Mais le frisson cosmique est chose salutaire et la pédagogie gagnerait à y recourir plus fréquemment. Il est effrayant peut-être d’apprendre à nos enfants qu’après tout la vie organisée ne représente qu’une brève période