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voir défiler au-dessous de lui des choses jusqu’alors interdites au regard de l’homme. Saisi dans des remous, glacé de froid, luttant avec son moteur rebelle comme avec les éléments coalisés, il vint s’abattre à Domodossola, brisé, anéanti, mais ayant accompli l’exploit rêvé. »

« L’oiseau en atterrissant était tordu, disloqué, désagrégé ; l’homme aussi. Les nerfs tendus à se rompre au service de la volonté toute puissante s’étaient vengés sur les organes. Après une terrible agonie, Chavez succomba, ayant sacrifié volontairement pour l’amour de la gloire ses vingt-trois ans robustes et joyeux. Le duel éternel comptait une victime nouvelle et le sublime domptage du corps par l’âme rayonnait une fois de plus sur l’humanité. »

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Tel est presque complet le texte de la conférence du 7 novembre. Nous disions qu’il avait la valeur d’un manifeste. En effet, on y relève des déclarations dont il faudra bien tenir compte et qui vont mettre le feu aux poudres sur plus d’un point. Les athlètes sont présentés comme non coupables de la corruption grandissante dont s’alarment les amis du sport. Ce sont les constructeurs de stades, les parents amoraux, les éducateurs insouciants qui sont coupables. M. de Coubertin les a pris vivement à partie. Mais, d’autre part, il a réclamé « l’autonomie des sports scolaires et universitaires », la « défense aux scolaires de participer à des concours publics à entrées payantes »… mesures qui renverseront l’organisation actuelle dans ses parties, il est vrai, les plus défectueuses. Il a laissé entendre qu’à ses yeux les fédérations inclinaient fâcheusement vers la décadence et que peut-être en viendrait-on un jour à envisager leur réorganisation sur le plan corporatif. Comme, d’autre part, il est de ceux qui tiennent les « sports athlétiques » pour des « sports gymniques » et qu’il a proclamé souvent qu’entre ces deux domaines artificiels « la frontière était mal tracée » et qu’enfin il considère, on le sait, les règlements amateuristes actuels comme des « barrières pour rire », on admettra que le front de bataille esquissé est singulièrement vaste. Tout cela va sans doute prêter à des discussions nombreuses et âpres. Mais la vie sportive y gagnera en vigueur et l’épuration finale en sortira, selon le vœu de tous ceux qui croient qu’en effet « l’activité sportive est un magnifique outil de progrès humain ».