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croisé le fer ; peu à peu, l’internationalisme s’est glissé sous le sport, avivant l’intérêt, agrandissant la sphère d’action. Le rétablissement des Jeux Olympiques devenait possible.

En y réfléchissant, il m’apparut même comme nécessaire. J’avais employé un certain nombre d’années à étudier la jeunesse scolaire d’Angleterre et d’Amérique. On peut critiquer sur bien des points l’enseignement qui se donne dans les public schools britanniques ; mais il est hors de doute que l’éducation y est forte et virile. On doit attribuer, pour une large part, aux mérites de cette éducation, l’expansion prodigieuse de l’Empire Britannique et le haut degré de puissance atteint par les Anglais sous le règne de la Reine Victoria. Il est même curieux de constater que ces progrès coïncident avec la réforme pédagogique qui s’est opérée dans le Royaume-Uni vers 1840. Dans cette réforme l’exercice physique tient, en quelque sorte, la première place. On le fait servir à une œuvre d’éducation morale. C’est la restitution, selon les besoins du jour, d’une des particularités les plus remarquables de la civilisation grecque : la participation des muscles an travail de formation morale. En France, au contraire, l’inertie physique était, jusqu’à ces derniers temps, considérée comme un corollaire indispensable du perfectionnement cérébral ; il était admis que le jeu nuit aux études : quant au caractère on n’avait pas idée qu’il pût exister un lien quelconque entre le corps et la volonté.

En général, la plupart des grandes questions nationales se réduisent à une question d’éducation, surtout dans les états démocratiques. Il faut toujours chercher dans l’école, dans l’université le secret de la grandeur ou de la décadence d’une démocratie. Les améliorations qu’on y introduit sont celles ; qui se répercutent le plus fort et le plus loin. Il devait venir tout naturellement à la pensée d’un homme convaincu de cette vérité, qu’il serait bon pour la France d’introduire dans la vie scolaire un peu de cette vitalité physique, de cette énergie animale dont nos voisins ont éprouvé les bienfaits. L’œuvre, ainsi entreprise au commencement de 1888, a rapidement prospéré ; et l’Union des Sports Athlétiques dont les

débuts furent des plus modestes groupait déjà, à la fin de 1892 un nombre considérable de so-

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