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Page:Coubertin Olympie 1929.djvu/16

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galerie sous l’arche de laquelle avait disparu jadis la silhouette du dernier concurrent chassé par la décadence et maudit par l’Église. C’est là surtout que s’est offert aux regards des soixante dix mille assistants qui l’attendaient, le spectacle de l’arrivée du premier coureur de Marathon, le berger Spiridion Louys qui, s’étant préparé par le jeûne et la prière devant les icônes, sema légèrement ses concurrents occidentaux et transatlantiques scientifiquement entraînés et parvint au terme de l’énorme épreuve sans fatigue anormale, conquérant la coupe offerte par un membre illustre de l’Institut de France, M. Michel Bréal. Car M. Michel Bréal, enthousiasmé par le rétablissement des Jeux, m’avait dit, le soir du vote : Je donne une coupe pour la course de Marathon. 42 kilomètres et plus ! j’avais été un peu hésitant à accepter pareille distance, mais l’histoire l’imposait et le destin légitima l’audace. Quand Louys parut à l’entrée du Stade, des tonnerres d’acclamations s’élevèrent, saluant à la fois le passé et le présent : et pour le soustraire aux épanchements d’une foule en délire, le Prince royal et son frère saisirent le berger dans leurs bras vigoureux et le portèrent jusqu’aux degrés de marbre où se tenait le roi…

Peu à peu, les Jeux olympiques rénovés s’installèrent dans leur cadre moderne avec l’esprit antique qui devait les animer. J’ai pris bien garde de ne pas aller trop vite. Il a fallu d’abord établir le Comité International Olympique dans ses droits essentiels et les faire admettre par toutes les nations. Ce ne fut pas aisé puisque sa constitution était en flagrante opposition avec les idées du jour. Elle répudie en effet le principe de la délégation si cher à nos démocraties parlementaires et qui, après avoir rendu de grands services, semble perdre chaque jour de son efficacité. Les membres du C.I.O. ne sont à aucun degré des délégués au sein du Comité. Il leur est même interdit d’accepter de leurs concitoyens un mandat impératif quelconque, susceptible d’enchaîner leur liberté. Ils doivent se considérer comme des ambassadeurs de l’idée olympique dans leurs pays respectifs. Leur mandat est illimité. Certains sont là depuis vingt, vingt-cinq, trente ans même. N’étant subventionnés par personne, leur indépendance est absolue… Un haut personnage, naguère, regrettait à Genève que la Société des Nations n’ait pu recevoir une organisation analogue.

Innombrables furent les problèmes d’ordre technique qu’il fallut résoudre par négociations, concessions réciproques et parfois législation imposée. La guerre ne détruisit rien. Le Comité interrompit ses séances annuelles et les reprit à la paix. La vie Olympiade (1916) ne fut pas célébrée. La septième le fut à Anvers, en 1920, avec tout l’éclat désirable. En 1906, les Arts et les Lettres avaient été convoqués. Une conférence tenue dans le Foyer de la Comédie Française dont les doyens, Mme Bartet et M. Monnet-Sully encadraient M. Jules Claretie, approuva l’institution des cinq concours de Peinture, Sculpture, Architecture, Musique et Littérature auxquels les artistes et les écrivains, après les avoir quelque peu boudés, commencent à s’intéresser et qui sont accessibles à toute œuvre inédite directement inspirée par l’idée sportive.

Dès leur première célébration, l’ouverture et la clôture des Jeux avaient revêtu l’aspect solennel désirable, mais le cérémonial ne fut au point que lorsque le serment des athlètes, avec sa formule brève et impressionnante, commença d’être prêté sur les drapeaux assemblés des nations, concurrentes. Je n’ai remis la direction effective de