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de marche constituent un programme très suffisamment chargé, et que d’ailleurs l’expérience a fixé, car il est le même partout. Ces réunions hebdomadaires entretiendront l’émulation et l’ardeur athlétique ; pour atteindre l’idéal du mens sana in corpore sano, une après-midi par semaine de sport virilement pratiqué vaut infiniment mieux que toutes les récréations du monde ; malheureusement ce principe fondamental de la pédagogie physique n’est pas encore admis par tous ; de là des erreurs et des tâtonnements qui seraient facilement évitables.

Toute association athlétique a l’ambition de donner une ou deux fois par an de grandes réunions qu’il faut entourer de quelque solennité. Nous avons assisté en province à des concours de ce genre. Le préfet, le général, l’inspecteur d’Académie étaient là. Je pourrais citer tels et tels capitaines qui avaient réussi à se faire donner le jardin de la préfecture pour lieu de représentation et la musique militaire pour charmer les entr’actes. Il faut des drapeaux, des prix et des allocutions un peu vibrantes. Remarque typique : parmi les parents, les mères et les sœurs témoignent d’un véritable enthousiasme pour les jeunes athlètes. M. Jules Simon appelle cela « un bon symptôme », et nous sommes tous de son avis. La conquête des parents est d’une importance extrême. À Paris, nos associations tiennent à honneur d’avoir leurs journées de championnats. Elles défilent les unes après les autres sur le terrain que le Racing-Club leur prête obligeamment, excepté Louis-le-Grand qui s′en tient à l’allée des Platanes, au Luxembourg. Nous nous occuperons tout à l’heure des frais qu’occasionnent ces réunions et du moyen de les couvrir. Constatons que les autorités n’y sont pas aussi bien représentées qu’en province ; il est vrai qu’à Paris les concours sont plus fréquents et que le bois de Boulogne est loin. Le chef de l’État en connaît pourtant le chemin ; et l’an passé, c’est le jeudi où Michelet donnait ses championnats que M. Carnot nous a fait le grand honneur et la gracieuse surprise de venir parmi nous.

Deux observations générales qui n’ont pas encore trouvé place dans cette longue analyse et qui sont néanmoins importantes : il ne faut pas que les adhérents de l’association soient trop nombreux, et il ne faut pas qu’ils soient trop