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Page:Coubertin Organisation et fonctionnement des associations athlétiques 1892.djvu/28

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jeunes. Ce ne sont pas les associations les plus nombreuses qui exercent le plus d’influence, ce sont les mieux disciplinées et les plus énergiques ; ces qualités-là sont les qualités de l’élite et non de la masse. Quant à la question d’âge, elle est très diversement appréciée. À l’Union, nous ne sommes pas d’accord là-dessus. On a créé dans divers collèges ou lycées des sections de minimes. Au point de vue du sport, l’idée est excellente, car les jeunes gens exercés dès longtemps aux jeux s’y montreront très supérieurs. Pour ma part, j’envisage surtout le point de vue pédagogique. Or l’association s’use comme tout le reste : j’entends que son prestige sur l’élève va en diminuant. S’il n’est admis à en faire partie qu’à son entrée en troisième — ou en seconde, ce moment-là sera attendu par lui avec une certaine impatience, une de ces impatiences qu’un maître peut si bien utiliser pour accumuler de la force morale. Ce n’est pas en deux ou trois ans que l’élève se lassera de ses jeux ou de son association ; mais s’il en fait partie depuis cinq, six et sept ans, peu à peu l’action exercée sur lui par l’association ira en diminuant et elle atteindra son minimum d’intensité, à l’instant précis où il importerait qu’elle atteignît le maximum. Et puis enfin, il y a l’éternelle question du mélange des petits et des grands, sur laquelle je n’ai pas besoin d’insister. Pour toutes ces raisons, je demanderais que les sections de minimes fussent absolument distinctes des associations et qu’on se bornât à y pratiquer les jeux récréatifs.

Vous le voyez, Messieurs, j’avais raison tout à l’heure d’opposer l’une à l’autre les deux conceptions de la discipline scolaire, puisque les associations la compliquent selon la première de ces conceptions et la facilitent selon la seconde. C’est que l’une est basée sur l’uniformité et la rigidité, alors que l’autre admet la liberté et la hiérarchie. Il ne faut pas chercher ailleurs le secret de nos succès universitaires et de notre insuccès près de l’enseignement libre. Une seule école ecclésiastique a ouvert la porte à nos idées, parce qu’elle subit l’influence d’un homme qui n’a jamais eu peur du contact entre Français. Toutes les autres sont demeurées en dehors du mouvement quand elles ne l’ont pas aigrement critiqué. La liberté dans l’école n’est pas pour effrayer l’Université de la République ; liberté à toutes petites doses d’ailleurs et tempérée par tout ce qu’inspirent la prudence