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François, le rire n’en a pas fui pour cela. Leurs cotes et leurs bilans n’ont point faire taire les joyeux papotages. La gaîté qui règne en ce Forum lausannois dévale de là dans toutes les directions. Elle gagne les beaux quartiers d’Ouchy aussi bien que les rues abruptes par où l’on monte à l’assaut de la vieille ville. Elle grimpe les antiques escaliers taillés dans le roc et dont les rampes encore solides portent la trace d’une usure séculaire ; elle tourne autour de l’auguste cathédrale, du vieux château aux rudes murailles où siège le Conseil d’État, de l’ancienne académie où Sainte-Beuve aimait enseigner. Elle se répand vers Beaulieu couronné de casernes et vers Chailly semé de villas reposantes. On la retrouve partout, dans les cafés et les tea-rooms, le long des avenues ombragées, devant les étalages alléchants. Et partout, elle a les mêmes contours de malice tranquille, de philosophie souriante, de plein amour de la vie.

Demandez à cet homme de peine et à cet étudiant qui viennent de croiser leurs regards sur le Grand-Pont, demandez à ce radical avancé et à ce notoire réactionnaire qui conversent si amicalement, demandez à ce commerçant et à cet auteur dramatique qui déambulent de compagnie sur la pente du Petit-Chêne. Ils geignent tous un brin pour n’en pas perdre l’habitude et parce que cela ouvre l’appétit, mais ils sont bien d’accord, allez ! qu’à Lausanne il fait bon vivre… meilleur qu’ailleurs.