Aller au contenu

Page:Coubertin Pays vaudois 1919.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 13 —

LE ROYAUME DE BOURGOGNE


Un gêneur… aussi les historiens en ont-ils fait le suicidé par persuasion. Personne n’en parle ; les livres de classe ne mentionnent guère son nom et les lettrés ont fini par oublier qu’il ait existé. Or le rôle qu’il a joué est de tout premier ordre. L’une des citadelles imprenables de la civilisation celto-romaine, il fait encore, sans qu’on veuille s’en apercevoir, figure de forteresse et les routes qu’il barre sont bien gardées.

À l’heure lointaine où il apparaît dans l’histoire, le royaume de Bourgogne s’étendait des Cévennes à l’Aar et des Vosges aux Alpes. Il englobait avec la Bourgogne française actuelle, la Franche-Comté, la vallée du Rhône, la Savoie et le canton de Vaud. Lyon se trouvait vers son centre, supplanté d’ailleurs en ce temps-là par Autun, l’une des capitales intellectuelles de la Gaule romaine et, bien que plusieurs fois ravagée par des bandes barbares, brillant encore d’un vif éclat. Ce domaine avait été celui des Éduens ; il l’était encore. On sait aujourd’hui quelle fausse image nous nous sommes faite longtemps de la « romanisation » de ces régions et combien la Gaule romaine était restée celte de race tout en acceptant de bon cœur la langue et la civilisation de Rome. Le terme de conquête souvent employé doit être pris ici dans le sens de simple soumission. Camille Jullian observe fort justement que, même en triplant les chiffres des contingents composant les « colonies militaires » établies en Gaule par les empereurs, on n’arrivera jamais à une proportion comparable, par exemple, à l’immigration actuelle dans les Amériques, c’est-à-dire qui ait pu modifier le sang et le caractère de la nation.

Ce qui est exact de la domination de Rome l’est encore plus de celle des Barbares et notamment des Burgundes. Ces der-