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niers, lorsque Aetius après les avoir vaincus en Belgique, les installa en Savoie, n’étaient plus que 80,000 environ. Ils ne pouvaient être beaucoup plus nombreux lorsque, quelques années plus tard (457 après J.-C.) ils furent « appelés dans la région de Lyon par les provinciaux désireux de se soustraire à l’impôt ». Voilà qui jette une vive lumière sur les relations entre Gallo-romains et Barbares ; il s’agissait bien, en somme, d’un gouvernement organisé par les seconds du consentement des premiers, lesquels trouvaient ce joug plus léger que celui des fonctionnaires impériaux, représentants peu scrupuleux d’un pouvoir endetté. Au reste ces gouvernants barbares se montraient fort respectueux des lois et coutumes romaines. Tels étaient les Wisigoths ; tels aussi, les Burgundes. Ces derniers étendirent peu à peu leur domination le long du Rhône. La figure de l’ancienne Bourgogne acheva de la sorte de se dessiner ; elle était occupée par des populations celtes sous un gouvernement burgunde qui avait reçu l’investiture romaine.

Soudain, sur la gauche, le péril franc se révéla brusquement, issu de la montée rapide de la puissance du roi Clovis. De 516 à 534 les successeurs de Clovis ne cessèrent de lutter contre les fils du roi Gondebaud. Et finalement l’ancienne dynastie vaincue fut remplacée par une dynastie franque. Clotaire devenu roi des Francs, après avoir réuni la Bourgogne à ses États l’en détacha bientôt au profit de son fils Gontran. Ce prince régna trente-trois ans ; il tenait sa cour à Chalon. Certaines fissures commençaient à se creuser dans l’unité bourguignonne. La Bourgogne transjurane (Savoie, Vaud) se distinguait de la Bourgogne cisjurane laquelle comprenait elle-même la Haute-Bourgogne (future Franche-Comté) et la Basse-Bourgogne (futur duché).

À Gontran succéda le fils de Brunehaut, Childebert ii déjà roi d’Austrasie et, dès lors, la portion occidentale du pays suivit les destins austrasiens. Cela ne lui valut pas d’ailleurs, d’être mieux protégée contre les Sarrasins qui, en 732, parvinrent jusqu’à Autun et à Sens et les dévastèrent. Mais cela conduisit à une sorte de longue éclipse dans l’histoire de la Bourgogne qui n’allait plus être qu’un « cercle » du vaste empire de Charlemagne.