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les cérémonies

d’acoustique ne se trouvent pas résolus par le fait du plein air. Les « écrans » y jouent un grand rôle et de plus on ne saurait oublier que l’invisibilité des exécutants fut un des dogmes novateurs de l’esthétique wagnérienne, dogme qui compte des fidèles de plus en plus convaincus.

Donc les cérémonies seront peu nombreuses mais importantes : le serment des athlètes, la proclamation de l’ouverture des Jeux, la distribution des récompenses… telles sont les principales journées, les journées obligatoires. Ajoutez-y la remise éventuelle des diplômes olympiques rarement décernés.

Ces fêtes comporteront des cortèges, la formation de groupes en manière de « tableaux vivants», des discours, des auditions musicales… Quelles sont les indications architecturales qu’on peut recueillir d’un tel programme ?

La première et la plus importante sera celle des « niveaux différents ». Nous en avons déjà parlé à propos des spectateurs. Rien de véritablement artistique ne peut être réalisé, semble-t-il, avec l’uniformité de niveau. Les anciens — les Chaldéens et les Égyptiens notamment — comprenaient beaucoup mieux que nous la valeur artistique des « marches ». Les modernes en font de simples perrons utilitaires et, loin de chercher l’occasion de créer ces perrons, ils s’ingénient à les éviter partout où faire se peut.

Quant à établir, là où ce n’est pas indispensable, des plates-formes de hauteur variable, ils s’en garderaient comme d’une faute impardonnable. Terrasses, perrons, terre-pleins, plans inclinés, nous n’hésitons pas à le dire, seraient une des sources d’eurythmie les plus certaines pour la cité olympique et, pour les cérémonies qui s’y dérouleraient, une certitude de beauté ample et de majestueuse grandeur. On comprendra qu’il y faille de préférence une décoration légère, presque aérienne ; mais les Pharaons eussent adopté le lourd et le massif et réalisé quand même quelque chose de beau et de grand… Encore une fois, n’enchaînons pas l’inspiration. Notre but est de la servir et non de la lier.