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le cadre

d’ensemble de la cité. Le grand artiste Bartholdi avait coutume de dire que la silhouette d’un monument devait suffire à en indiquer de loin la destination. C’est une façon de parler. Mais il est certain que la moderne Olympie ne devrait pas se composer de constructions éparses dans un parc de casino.

Voilà encore un péril à éviter. La science du jardin a créé de nos jours un type incontestablement joli en soi-même, mais si banal qu’il en devient déplaisant. C’est le type : parc de casino. Toutes les stations thermales s’en sont ornées les unes après les autres ; pelouses ondulées, arbres d’essences diverses disposés en une savante régularité, corbeilles fleuries semées le long de routes sablées dont aucune n’est droite. On appelait cela autrefois un jardin anglais par opposition au jardin à la française dont la régularité mathématique allait jusqu’à tailler les arbres pour leur donner un aspect uniforme. Entre ces types opposés, il peut y avoir place pour un éclectisme harmonieux. Le casino n’est pas le seul écueil. Les longues avenues droites prennent facilement un aspect de cimetière ; il en faut pourtant, car rien n’est plus propice au développement des cortèges. Méfiez-vous aussi de l’hôpital. Il suffirait de quelques galeries couvertes reliant divers bâtiments entre eux pour donner à l’Olympie moderne une apparence de sanatorium modèle.

Eh ! sans doute, la solution est difficile. C’est que, depuis cinquante ans, nous avons construit et vu construire des casinos et hôpitaux en grande abondance alors que ni notre génération ni aucune de celles qui l’ont précédée immédiatement n’a jamais rien contemplé qui ressemblât de près ou de loin à une Olympie. Et pour ardu que cela rende le problème, n’y puise-t-il pas d’autre part un supplément d’intérêt ?

Pour nous résumer, il importe premièrement, que la cité olympique se révèle au visiteur sinon dans sa totalité, croyons-nous (la disposition du terrain peut ne pas s’y prêter) du moins en un ensemble grandiose et digne. Secondement, il est désirable que cette première vision de la cité soit en rapport avec son rôle, c’est-à-dire qu’autant que possible l’aspect en souligne le double caractère sportif et artistique. Troisièmement, sa silhouette doit évidemment chercher à s’harmoniser avec le paysage environnant et à en tirer parti. Quatrièmement, il serait sans doute fâcheux d’imiter l’entassement antique et ce serait une erreur inverse de s’épandre démesurément en superficie. Voilà ce qui, nous semble accep-