Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/132

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barons du comté, ses ennemis[1]. Déjà possesseur de grands châteaux au bailliage d’Amont, il venait d’acheter, ou plutôt d’extorquer d’une faible femme la terre de Faucogney. L’année précédente (1373), il était venu à Faverney avec les hauts barons, pour les obsèques de son cousin, Jean de Bourgogne, et il n’avait pas dû quitter les bords de la Saône supérieure sans jeter, depuis les donjons d’Amance et de Jussey, un regard de convoitise sur la riche baronnie de Jonvelle. En effet, Philippe, son possesseur, n’eut pas plus tôt fermé les yeux, que le duc de Bourgogne se fit vendre le château et la terre par le sire d’Apremont, du consentement d’Isabelle, sa femme, et de Geoffroy, leur fils aîné, pour huit mille florins d’or[2], qui probablement ne furent jamais payés ; car les comptes de la seigneurie de Jonvelle, ouverts à la chambre de Dijon cette année-là même, ne présentent, pendant dix ans, que des sommes insignifiantes de cent à deux cents francs, versées à Sandrin de Guines, procureur de Gobert, plutôt comme intérêts que comme à-compte du principal. En tout cas, Isabelle n’avait pu vendre que sa portion : aussi, repoussant une pareille transaction, sa mère et sa sœur refusèrent d’aliéner l’héritage de leurs aïeux. Alors l’ambitieux prince recourut à la force : Guillemette de Jonvelle fut accusée de violences et de pillages exercés de son aveu sur les terres du royaume et ailleurs, par les gens

  1. De ce nombre, Olivier de Jussey, longtemps bailli d’Aval, conseiller dévoué de la comtesse Marguerite et gouverneur du bailliage de Dijon. (M. Ed. Clerc, Essai, II, 173 et passim ; D. Plancher, passim.)
  2. Monnaie de compte, qui valait alors tantôt quinze, tantôt vingt-un sol.