Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/203

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Cependant, malgré cette vigilance, malgré les rigueurs extrêmes employées contre elle, depuis 1529, dans tous les États de l’empire, la réforme avait trouvé des partisans nombreux et zélés jusqu’au sein de la Franche-Comté, à Besançon surtout, à Jonvelle, Conflans, Mailley, Amance, Vesoul, Luxeuil, Montureux-sur-Saône, Oiselay, et dans les autres bailliages[1]. En même temps, leurs coreligionnaires étrangers arrivaient en bandes armées, pour implanter l’erreur, de vive force, dans une province qui défendait si énergiquement sa foi. Dès les années 1566, 1567 et 1568, des reîtres calvinistes, venus d’outre-Rhin pour secourir les sectaires bourguignons, avaient recommencé l’ère des dévastations dans le nord-est du bailliage d’Amont et dans celui de Luxeuil, jusque-là si heureux de la paix, comme toute la province, depuis la fin du siècle précédent. Un manuscrit de nos archives signale ainsi le passage des hérétiques à Raincourt : « Le 25 mars 1568, à l’heure de vêpres, les avant-coureurs des huguenots français, affublés d’habits de moines blancs, tombent sur le village et se précipitent dans l’église, en poussant des cris furieux. Les fidèles s’enfuient épouvantés dans les bois, abandonnant le saint lieu et leurs maisons à la merci des brigands, qui ne laissèrent à l’église que les cloches et qui ravagèrent de même tout le village[2]. Cependant les populations

  1. Gollut, col. 1651, note.
  2. « Ils emportèrent deux calices d’argent, en valeur de 60 francs, une ymaige d’argent de sainct Vaubert, de haulteur d’ung pied et demi, on laquelle reposaient les saincts ossements dudit sainct Vaubert, mesme un os du bras, dès la noye du couste jusques à celle de l’espaule : aussi une coste, que l’on estimoit de grande valeur. Furent aussi perdues cinq chasubles, tant de velours damas qu’aultres, deux theuniques, deux chappes bien riches et tout ce qu’estoit en ladite église ; de manière qui ne laissèrent que les murailles et les cloches ; firent tant de maux et dommaiges audit Raincour, qui ne laissèrent aulcuns biens meubles, dont les habitants furent moult appauvris. » (Extrait d’une reconnaissance par laquelle les habitants de Raincourt s’imposent extraordinairement pour contribuer aux réparations de leur église et des fortifications de Gray. Archives de la Haute-Saône, bailliage de Jonvelle, E, 81.)