Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/262

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Malheureusement les généraux ennemis pouvaient se plaindre aussi de leur côté, et excuser toutes ces violences comme des représailles méritées. En effet, les mémoires de ce temps témoignent des horreurs exercées, dans ce même mois, sur la frontière française, par les compagnies lorraines des deux Clinchamp de Mailly, officiers du duc Charles au service de la Comté. Tout le Bassigny, déjà en proie aux ravages de la peste, fut saccagé et brûlé, depuis Darney jusqu’à Langres. À Fresnes et à Montigny-le-Roi, les Lorrains après le pillage et l’incendie, passèrent au fil de l’épée tous ceux qui n’avaient pu donner rançon pour s’arracher de leurs mains. Écoutons le récit d’un contemporain, Clément Macheret curé d’Hortes, sur un des lugubres épisodes de ces sauvages dévastations : « Ledict baron de Clinchamp se transporta au lieu de Varennes, assisté d’environ cent cavaliers, et après plusieurs tentatives, voyant qu’il ne pouvoit forcer le prioré (le château) fit sommer la garnison de se rendre, la vie sauve, disant qu’à cette condition il ne brusleroit rien. Le sieur de la Motte, qui le commandoit, cognoissant la perfidie de Clinchamp, se refusoit à toute composition. Mais il finit par céder aux larmes et supplications des païsans, qui voyoient desjà s’apprester l’incendie de leurs maisons. Après avoir receu la parole du colonel ennemi, il ouvrit les portes du prioré et sortit en capitaine, faisant honneur à Clinchamp de ses armes. Mais à l’instant on se jette sur lui, on le désarme et on le pend à un arbre voisin, sans mesme lui donner le temps de se confesser ni de former un acte de contrition. Pourtant il mourut la larme à l’œil criant mercy à Dieu et prenant la mort en gré,