Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/319

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attendit les ténèbres de la nuit pour s’approcher de la Saône, derrière le bois de la Mange (territoire de Membrey), endroit isolé et couvert, éloigné de tous les quartiers comtois. Avec des barques, il jette une partie de son monde sous la côte de Seveux. Au point du jour (23 juin), cette avant-garde tombe sur le village, pendant que le reste des Suédois achève de passer. Mercy et Chauvirey accourent, chacun de son côté, avec quatre ou cinq régiments et repoussent l’ennemi jusqu’à la Saône. Malheureusement le canon de Forbuer les attendait sur la rive opposée ; sept volées solidement pointées vomissent la mitraille et la mort dans les rangs de leurs escadrons. Les Allemands se rompent et tournent le dos à toute bride ; Fauquier d’Aboncourt reste seul, avec son régiment et deux autres, pour tenir tête à l’ennemi et soutenir la retraite contre l’armée suédoise tout entière. La même matinée vit emporter les châteaux de Seveux, de Vellexon et de Veset. Sur le midi, pendant que Mercy cherchait vainement à rallier ses Allemands éperdus, les trois régiments de Chauvirey s’étant retournés de nouveau contre le vainqueur, dans un défilé près de Frasne-le-Château, furent écharpés à leur tour, après une héroïque résistance. La perte totale de cette journée fut de plus de mille hommes, tués ou blessés, sans compter un nombre considérable de prisonniers et la perte de tous les bagages. Fauquier arriva le soir même à Gray, et sur son récit, d’Andelot, gouverneur de cette ville, instruisit aussitôt le parlement de ce désastre[1].

  1. Corr. (lu parlem., B, 802, diverses dépêches. Girardot (p. 175) restreint la perte de Mercy à sept ou huit cents hommes tués, blessés ou prisonniers De plus, il lui fait à lui-même les honneurs de la retraite, sans parler du gouverneur de Jonvelle. Mais d’Andelot a dû être mieux renseigné.