Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/331

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était bonne et bien remparée, et ses murailles, surtout celles de la tour, avaient une épaisseur et une structure telles, que ni le canon ni la mine n’y pouvaient rien par le dehors. Du Hallier s’y prit avec d’autres armes. Il savait Gaucher possesseur de beaux écus, fruit du maraudage ; il le savait avare et aussi amoureux de l’argent que de Mme de Remiremont. Après les menaces d’un sévère traitement s’il résistait encore, il lui représenta les avantages d’une prompte capitulation ; et, pour se faire mieux écouter, il fit murmurer à son oreille le nom de sa fiancée. Du Magny fut gagné, et au lieu de soutenir le courage de ses soldats, comme la veille, il se mit à les solliciter avec instance de rendre la place et de ne pas se faire écharper. Ces braves gens repoussaient avec horreur cette lâche proposition, et ne se fiaient que tout juste à la bonne foi d’un ennemi furieux de ses pertes. Mais enfin l’avis du commandant prévalut ; vers les deux heures, la petite garnison ouvrit les portes de la forteresse, sous la condition verbale d’avoir la vie et les bagues sauves (17 septembre). Elle défila désarmée, son chef en tête, sur le front des lignes françaises. Le marquis de Livron, qui gardait naturellement une grosse rancune à Warrods, pour les dévastations de Bourbonne et des autres lieux de son gouvernement, ne crut pas manquer à l’honneur en insultant le lâche vaincu, lorsqu’il passa devant lui. Gaucher releva fièrement ses injures et ses menaces. À ce moment il fut arrêté avec tout son monde, malgré la parole du général français. Il portait sur lui son trésor, qu’il remit à du Hallier, en l’adjurant sur l’honneur de le lui conserver. La chose lui fut promise, et c’est tout ce que l’ennemi