Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/356

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curé de Bougey, nous a laissé dans ses registres de baptêmes le récit d’une attaque avortée, faite sur le château de ce village. Dans la nuit du 19 au 20 janvier 1643, une trentaine de partisans sortis de Pressigny, sous les ordres du sieur Boulangier, et guidés par un traître, Claude Moniot, d’Augicourt, à travers les bois de Preigney et de Cherlieu, arrivent à l’improviste, sur les deux heures du matin, devant la courtine du parterre. En rien de temps ils ont troué la muraille avec des leviers et des pioches ; et les voilà dans le fort en s’écriant : « France ! Victoire ! Rendez les armes ou vous êtes morts ! » Réveillée en sursaut, la troupe du château se défend bravement, sans se déconcerter. Le trompette et le tambour sonnent l’alarme ; on court à l’église, qui touchait la porte, et le tocsin appelle au secours la petite population du lieu, qui ne se composait encore que d’une vingtaine de ménages. « Dieu aidant, dit le narrateur, soldats et habitants se deffendirent si généreusement, qu’ils repoussarent les ennemys, et les contraignirent de reprendre la clef des champs, les uns par-dessus les murailles, les autres par le mesme troup qui les avoit amenés, mais non sans nous laisser quelques-uns des leurs, tués, blessés ou prisonniers. » Le Joyant fut un des vaillants de cette nuit mémorable. Peut-être commandait-il le château et dut-il à cet exploit les insignes générosités du seigneur, Albert de Ray-Mérode ; car il en reçut de riches domaines, qui s’ajoutèrent à ses premières acquisitions dans la terre à peu près déserte de Bougey ; et il fut déclaré, pour le tout, entièrement franc de dîmes, tailles et mainmorte, avec droit de conserver sa maison à tourelles et