Page:Couillard-Després - Louis Hébert, premier colon canadien et sa famille, 1913.djvu/34

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en Acadie. Plusieurs engagés y faisaient aussi passer leurs familles.


À quelque temps de là, le vaisseau la Grâce de Dieu aborda à Port-Royal, emmenant Mme de Poutrincourt, les Pères Biard et Massé, Jésuites.

Les deux premières françaises qui foulèrent le sol de la Nouvelle-France sont donc Mme Louis Hébert et Mme de Poutrincourt. Ce fait est assez important pour mériter une mention spéciale. Que de gentilshommes furent moins courageux qu’elles ! Ils se sentaient attirés pourtant par les richesses du Nouveau Monde, mais ils n’eurent pas le courage de traverser l’Océan. Mme Hébert et Mme de Poutrincourt voulurent seconder leurs maris dans leur entreprise en travaillant à leurs côtés après avoir bravé les fatigues d’un long voyage. Honneur à ces femmes héroïques ! Honneur à cette châtelaine qui ne craignit pas d’échanger son château et ses domaines contre les grands bois de l’Acadie et une misérable cabane de bois brut ! Ces femmes désiraient contribuer à la fondation d’une colonie au prix des plus grands sacrifices. Ce geste est si noble que la nation canadienne ne devrait jamais l’oublier. Mme Hébert faisait déjà l’apprentissage des jours laborieux et pénibles qu’elle devait couler plus tard sur un autre coin de la Nouvelle-France.

L’hiver de 1610-1611 fut extrêmement rigoureux. Les vingt-trois personnes qui se trouvaient au fort ainsi que les hommes de l’équipage endurèrent bien des privations. Le pain manqua durant plusieurs semai-