Page:Couillard-Després - Louis Hébert, premier colon canadien et sa famille, 1913.djvu/62

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Ce fut avec une joie indicible qu’il traça son premier jardin tout près de son logis. Il y avait çà et là des souches qui résistaient malgré ses efforts, des roches qu’il ne pouvait transporter plus loin, mais peu lui importait, à travers ces troncs d’arbres réfractaires, à travers ces roches, il se tailla un beau jardin.

La terre était riche, les cendres des petits feux qu’il avait allumés, formaient un engrais excellent. Louis Hébert prit la bêche et s’employa à remuer le sol fécond tout prêt à recevoir la semence. Il nous semble voir à l’œuvre ce noble fils de France courbé sur la bêche, le visage ruisselant de sueur, bouleversant le sol vierge, et déposant les grains de semence dont il attendait avec espoir une riche moisson.

Louis Hébert entoura son jardin de mille soins. Il y avait tant de raisons pour lui de réussir. Si la moisson était bonne, la terre était fertile, et l’on pouvait espérer l’établissement d’une colonie stable. D’autres suivraient bientôt son exemple, malgré les peines qu’exigeait une telle entreprise. Toutes ces forêts qu’il contemplait chaque jour, et qui garnissaient l’Île d’Orléans, les hauteurs de Québec, la belle côte de Beaupré, la Nouvelle-France, enfin, il fallait les abattre. Cet immense pays plus grand que la France, il fallait le défricher, le peupler, le conquérir sur la barbarie.

Louis Hébert visitait son jardin tous les jours. C’était pour lui une jouissance que de voir les plantes,