Page:Coullet et Juglar - Extraits des enquêtes parlementaires anglaises sur les questions de banque, 1.djvu/58

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guérissait bientôt. Les directeurs de la Banque étant tenus dans l’appréhension par la réduction de leur approvisionnement d’or, et ne pouvant réparer leurs pertes que par des achats de lingots à des prix très-onéreux, resserraient naturellement leurs émissions de papier, et donnaient ainsi au papier qui restait, aussi bien qu’au numéraire contre lequel il était échangeable, une valeur plus grande, tandis que l’exportation clandestine soit du numéraire, soit de l’or provenant de la fusion de ce numéraire, venait se combiner avec la restriction des émissions pour améliorer l’état du change et produire une diminution correspondante de la différence entre le prix de l’or sur le marché et à la Monnaie, ou du papier convertible en or.

Votre Commission n’a pas besoin de vous représenter que la manière dont cet effet a été produit par la conduite qu’elle a décrite, a été parfaitement comprise par les directeurs de la Banque. Le fait d’avoir limité leur papier aussi souvent qu’ils voyaient se produire un écoulement d’or est, cependant, indubitable. M. Bosanquet a exposé, dans sa déposition devant le comité secret de la Chambre des Lords, en l’année 1797 : « Que, en 1783, la Banque ayant vu se produire un écoulement de numéraire qui l’alarma, les directeurs prirent une résolution énergique et refusèrent de faire des avances sur l’emprunt de cette année. Cette mesure, a-t-il dit, atteignait le but de produire une suspension temporaire dans la quotité de l’écoulement de leur numéraire. » Et les trois directeurs qui ont été interrogés par votre Commission ont fait voir qu’il y a eu habituellement restriction des émissions de la Banque dans les périodes antérieures à la suspension des payements en numéraire, toutes les fois qu’il y avait une demande de quelque importance.

Une demande très-pressante de guinées, quoique provenant non pas de la cherté de l’or, ni de l’état du change, mais d’une crainte d’invasion, eut lieu en 1793 et aussi en 1797, et dans chacune de ces périodes, la Banque restreignit ses escomptes et conséquemment aussi le montant de ses billets, beaucoup au-dessous de la demande des commerçants. Votre Commission met en doute l’habileté de cette mesure consistant à limiter les facilités dans une période d’alarme qui n’était pas accompagnée d’un change défavorable ni de la cherté des métaux précieux ; mais elle considère la conduite de la Banque aux deux périodes en question comme faisant ressortir sa tendance générale, antérieurement à 1797, à restreindre ses prêts et ses émissions, lorsqu’elle voyait qu’on lui retirait son or. Une conséquence nécessaire de la suspension des payements en numéraire, a été de soustraire la