Page:Coullet et Juglar - Extraits des enquêtes parlementaires anglaises sur les questions de banque, 1.djvu/59

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Banque à ce retrait de l’or, qui, dans les premiers temps, résultait évidemment de l’état défavorable du change et de la cherté des métaux précieux. Les directeurs, allégés de toutes leurs craintes à cet égard et ne sentant plus les inconvénients d’un tel état de choses, n’ont pas été stimulés à relever les changes et le prix de l’or à leur niveau convenable par une réduction de leurs avances et de leurs émissions. Les directeurs, dans les premiers temps, ne se rendaient peut-être pas compte du principe plus distinctement que ceux d’aujourd’hui, mais ils sentaient les inconvénients et obéissaient à leur impulsion ; ce qui, dans la pratique, produisait un arrêt et une restriction de l’émission du papier. De nos jours, les inconvénients ne se font pas sentir ; et par suite le frein n’a plus de force. Mais votre Commission demande à la Chambre la permission de lui dire que son opinion la plus formelle est que, aussi longtemps qu’on laissera subsister la suspension des payements en espèces, le prix de l’or en lingots et le cours général du change avec les pays étrangers considéré pendant une longue période de temps, est le meilleur critérium qui permette de juger de la suffisance ou de la surabondance de la monnaie de papier en circulation, et que la Banque d’Angleterre ne peut pas régler, en toute sécurité, le montant de ses émissions, sans se reporter au critérium fourni par ces deux données. Et en résumant tous les faits et tous les raisonnements qui ont déjà été exposés, votre Commission est encore d’opinion que, quoique l’état commercial de notre pays et l’état politique du continent puissent avoir quelque influence sur la cherté de l’or en lingots et le cours défavorable du change avec les pays étrangers, ce prix et cette dépréciation doivent être attribués aussi à l’absence d’un frein permanent et d’une limitation suffisante de la circulation fiduciaire de ce pays.

Comme complément du sujet général de cette partie de son rapport, la politique de la Banque d’Angleterre en ce qui concerne le montant de sa circulation, votre Commission doit appeler maintenant l’attention de la chambre sur un autre point, qui lui a été signalé dans le cours de l’enquête, et qui, dans son jugement, mérite d’être pris en très-sérieuse considération. Les directeurs de la Banque, aussi bien que quelques-uns des commerçants qui ont été interrogés, se sont montrés fort empressés de développer devant votre Commission une doctrine de la vérité de laquelle ils se disaient entièrement convaincus, à savoir qu’il ne pouvait y avoir aucun excès dans l’émission du papier de la Banque d’Angleterre aussi longtemps que les avances pour lesquelles il est émis seront faites d’après les principes qui guident