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Page:Coulombe - Les mystères du château Roy, 1900.djvu/21

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Elle renvoya Louise à la cuisine et se dirigea au salon, où le Dr Pierre causait avec M. Roy.

Jeanne entra, prit place dans un fauteuil en face des hommes et s’adressant à M. Roy.

— Eh bien ! mon cher, qu’as-tu décidé au sujet de Thérèse ?

— J’ai décidé d’élever nous-même l’enfant et de ne pas l’envoyer dans d’autre famille. Si Thérèse est dans cette position c’est de notre faute, si nous l’avions mieux surveillée, cela ne lui serait pas arrivé. Nous sommes coupables tous les trois, donc expions notre faute, si nous voulons être pardonnés de notre manque de surveillance, qu’en pensez-vous docteur ?

— C’est très bien, mais vous pouvez faire une chose. Faites passer l’enfant pour votre propre enfant, de cette manière on ne se doutera de rien et vous expierez votre faute quand même.

On frappa à la porte. Un valet s’avança portant une lettre qu’il remit à M. Roy. La lettre était adressée à Thérèse. M. Roy prit la lettre l’examina. Elle venait de Montréal et était adressée par une main d’homme.

Et comme le valet ne bougeait pas, M. Roy lui demanda.

— Qu’attendez-vous pour vous retirer ?

— J’attends une réponse que je dois rapporter au messager.

Alors M. Roy se décida à rompre le cachet de la lettre qui l’intriguait beaucoup. Elle se lisait comme suit. —


Ma chère Thérèse.

Comme mon père doit partir pour retourner dans notre beau pays, en Allemagne, et qu’il désire bien que je parte avec lui, je n’ai pas voulu consentir à le suivre avant d’avoir eu une réponse définitive sur l’impossibilité de notre mariage.

J’espère que votre père est revenu à des meilleurs sentiments à mon égard. S’il consent à notre union, je resterai à Montréal, mais si au contraire il persiste dans ses idées, je me verrai forcé d’accompagner mon père en Allemagne.

Je partirai dans trois jours et ce sera avec mille regrets que je quitterai cette terre canadienne où je laisserai un petit enfant avec sa mère pour qui je donnerais volontiers ma vie.

Je demeure, en attendant la réponse que doit me rapporter le messager et qui doit décider de mon bonheur.

Votre tout à vous,
Walter.

M. Roy donna la lettre à Jeanne qui la lut bien attentivement.

— Il a encore l’idée de revenir, ce sacripant, dit-elle.

— Donne-moi la lettre, je monte voir Thérèse. Et dites au messager d’attendre quelques minutes.

Et il monta à la chambre de Thérèse…

— Bonjour papa, dit-elle en le voyant entrer…

— Bonjour ma petite. Je suis venu te demander une faveur, et c’est, j’ose l’espérer, la dernière de ce genre que je viens te demander.

— De quoi s’agit-il mon cher papa !

— De Walter.