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dix-sept ans de séparation et entrevoyait beaucoup de bonheur pour eux. Les acclamations retentirent de toutes parts et l’on vida les verres en leur honneur. Le mariage fut célébré au mois d’avril et quoique ce jour soit un jour de bonheur et de joie pour deux cœurs qui s’aiment et qui voient réaliser leurs rêves, Thérèse au contraire fut triste et rêveuse tout le temps que dura la cérémonie. Elle était si rêveuse, qu’il fallut lui répéter la demande de son consentement par deux fois pour avoir une réponse, car elle pensait à un autre qu’à Pierre.

Revenue au Château elle profita d’un instant où elle était seule dans sa chambre pour pleurer encore une fois son amour qu’elle avait éprouvée et qu’elle éprouvait encore pour Walter.

Si elle lui avait demandé de l’oublier et de ne plus la revoir ce n’était certes pas parce que ses sentiments étaient changés. Non, car depuis cette séparation si brusque, toutes ses pensées avaient été pour lui. Et comme elle ne doutait pas de son amour et sentant tout le sacrifice qu’il avait faire pour se rendre à sa demande, elle lui en était reconnaissante en gardant de lui un souvenir qui occupait la première place dans son cœur.

CHAPITRE
II
WALTER

Nous savons c’est avec regret que Walter avait quitté Montréal pour l’Allemagne où nous n’avons plus entendu parler de lui. Dix-sept ans de cela, dix-sept ans qu’il vécut paisiblement avec sa femme et son enfant ne sortant jamais si ce n’est que pour aller à ses malades. Il passait ses journées à son bureau à recevoir sa nombreuse clientèle, pour laquelle il se dévouait presque jour et nuit. Mais il ne se passa pas une journée où il n’eut pas une pensée pour Thérèse.

Depuis son arrivée dans son pays où il perdit son père quelques années après son arrivée, rien de fâcheux ne survint jusqu’au jour où un accident se produisit.

Mme Hines accompagnée de son fils étaient allés faire une promenade en auto, Walter se trouvant à son bureau reconduisant un client. La sonnerie du téléphone retentit soudain. On le demandait d’urgence pour un accident qui venait d’arriver à la campagne. Une locomotive disait-on venait de frapper une automobile. Il se rendit en toute hâte sur le théâtre de l’accident et arriva juste à temps pour constater la mort de sa femme et recueillir le dernier soupir de son garçon.

Ce fut un rude coup pour Walter qui se demandait si la malédiction ne s’était pas abattue sur lui. Il allait se décourager, quand l’idée lui vint de se tourner vers Thérèse. Il reprit aussitôt courage sans