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et voilà une leçon qui nous est donnée, à nous autres, sans plus être présentée sous l’étiquette d’Horace, sans plus être non plus suspendue entre deux crochets comme un écriteau sur un mur, ainsi que faisait le XVIe siècle.

Seulement Malherbe, atteignant la bonne façon d’imiter, ne savait pas s’y tenir, ou plutôt ne savait pas que c’était la seule bonne. Vauquelin qui « suit la trace d’Horace » et le copie de façon agaçante, Régnier qui, aux yeux de Malherbe, égalait les anciens dans la satire, et qui traduisait beaucoup trop les Satires d’Horace, Malherbe enfin, tous payent avec usure leur dette au poète latin. Pour lui avoir pris l’idée de l’Art poétique, Vauquelin de la Fresnaye[1] se croit autorisé à repeindre le monstre du début de l’Épître aux Pisons pour avoir brillamment imité les Satires, Régnier croira bien faire en traduisant tout, jusqu’au Demitto auriculas quasi asellus[2] ; pour avoir appris à parler de la mort, Malherbe récitera sa leçon jusqu’au bout, et n’oubliera ni Tithon, ni Hippolyte, ni le nectar des dieux ; avec lui l’imitation française d’Horace a appris quelque chose, elle n’a pas assez oublié. Parce qu’Horace a dit :Occidit Tithonus remotus in auras[3], et longa Tithonum minuit senectus[4], le consolateur de Du Périer dira :

  1. Cf. A. Kowal, L’Art Poétique des Vauquelin de La Fresnaye und sein Verhältniss zu der Ars poetica des Horaz. Programm der Stadtrealschale im III. Bezirke Wiens. Vienne 1902. Sur J. du Bellay et Horace, voyez Stemplinger, Joachim du Bellay und Horaz (Archiv für das Studium der neueren Sprachen und Literaturen, 1904, n. s., XII, 80-93).
  2. Vauquelin, Art Poétique, I (éd. Genty, p. 15). Régnier, Sat. VIII, v. 87, et XVI.
  3. Hor., Odes., l. I, XXVIII, v. 8.
  4. Ibid., l. II, XVI, v. 30.